Archives de catégorie : Biodiversité

La biodiversité n’est pas qu’un concept abstrait, elle touche notre quotidien et fait l’objet d’un arsenal réglementaire.

Distillation des huiles essentielles

Les plantes aromatiques contiennent des essences odorantes enfermées dans la fleur, les racines, les feuilles, les résines des arbres. Ces essences parfumées sont contenues soient dans des cellules sécrétrices spécialisées soit dans des canaux laticifères. Les plantes sont placées sur une grille à l’intérieur d’un alambic. Elles peuvent être initialement préparées : hachage, rabotage des écorces, tri des organes les plus concentrés en essences… L’eau chauffée se transforme en vapeur d’eau qui traverse alors le matériel végétal en entraînant les molécules aromatiques. La vapeur d’eau s’échappe de l’enceinte fermée par un serpentin qui est refroidi soit par l’air soit par de l’eau circulant en sens inverse dans un cylindre contenant le serpentin. La vapeur d’eau se refroidissant se condense en un mélange eau et essences végétales récupéré dans un vase de décantation ou essencier. distillation_huiles_essentilelles.bmp Distillation pour l’extraction des essences végétales et l’obtention des huiles essentielles. (1) : l’eau est chauffée sous pression et transformée en vapeur dans la chaudière ; (2) : le matériel végétal est déposé dans le vase à plantes ; (3) : serpentin baignant dans un liquide réfrigérant pour la condensation du distillat ; (4) : les huiles essentielles sont séparées de l’eau plus dense qu’elles. La séparation eau et essences végétales s’effectue par simple différence de densité, ces dernières étant plus légères que l’eau. Les huiles essentielles peuvent ensuite être raffinées et les différentes molécules séparées par distillation sous vide. Les solutions obtenues sont alors pures ou pratiquement pures. Ce procédé est toujours utilisé à Grasse pour distiller la lavande, la sauge, le basilic. Pour obtenir un kilo d’essence pure, il faudra distiller : entre 4000 kg et 10000kg de pétales de roses, 1000 kg de fleurs d’oranger, 600 kg de géranium, 500 kg de fleurs de camomille, 330 kg de feuilles de patchouli ou 125 à 175 kg de lavande.

Un Conifère de la famille des Araucariaceae

Le genre Araucaria a été décrit par Jussieu en 1789. Ce nom viendrait de la tribu indienne des Araucanis ou de la ville de Araucaro au sud de Santiago. Pour Araucaria angustifolia, le nom d’espèce signifie que la feuille est étroite. Le genre Araucaria est distribué en Océanie et en Amérique du Sud. araucaria_angustifolia_low.jpg Araucaria fait partie de la famille monophylétique des Araucariaceae de l’ordre des Coniferales ou Pinales. La famille comprend 3 genres : Araucaria, Agathis et Wollemia, ce dernier genre ayant été découvert en août 1994 en Australie. Araucaria est traditionnellement considéré comme une Gymnosperme archaïque car apparue il y a 200 millions d’années. Les travaux de Chaw et al. (2000) permettent de discuter cette notion car ces auteurs ne considèrent pas Araucaria et Agathis comme des Conifères primitifs. En 1952, les 19 espèces du genre Araucaria ont été classées par Wilde et Eames en 4 sections sur la base de critères morphologiques. Les études de Setoguchi et al. (1998) basées sur l’analyse moléculaire du gène chloroplastique rbcL ont confirmé cette répartition et montré la très grande homologie des espèces endémiques néo-calédoniennes indiquant une spéciation rapide et adaptative aux sols ultramaphiques de l’île. |Section Araucaria|A. araucana et A. angustifolia| |Section Bunya|A. bidwillii| |Section Intermedia|A. hunsteinii| |Section Eutacta|A. heterophylla, A. cunninghamii et 13 espèces néo-calédoniennes endémiques|

Enjeux de la conservation de la biodiversité brésilienne

Le Brésil compte 20% des espèces animales et végétales du monde. Il abrite 55 espèces de primates soit 24% du total mondial, 516 espèces d’amphibiens, 3010 espèces de vertébrés vulnérables ou en danger d’extinction. Il a aussi été décrit 55000 espèces de plantes, ce qui correspond à 22% du total mondial. Le monde occidental est déjà redevable au Brésil d’un grand nombre de ses productions agricoles : – le cajoutier, Anacardium occidentale, qui donne la noix de cajou, – un palmier, Euterpe edulis, dont l’apex est utilisé pour la production de coeur de palmier, – le manioc, Manihot esculenta, Euphorbiaceae, dont les feuilles et le tubercule sont consommés dans les régions tropicales, – l’ananas, Ananas comosus, Bromeliaceae, dont le fruit complexe est consommé de par le monde, – de nombreuses espèces herbacées utilisées en plantes d’appartement dans nos régions telles que Philodendron, Araceae ou des Heliconia, Heliconiaceae, ainsi que de nombreuses Bromeliaceae ou Orchidaceae telles que Epidendrum, – des espèces utilisées dans différentes industries alimentaires (cacaoyer)ou cosmétiques (rocouyer) cacao_low.jpg Cabosse de cacaoyer (Theobroma cacao, Sterculiaceae) Photographie : Sonia Bray – de très nombreux arbres, surexploités et en voie de disparition, dont le bois est utilisé pour l’ébénisterie ou la construction, – l’hévéa, Hevea brasiliensis, Euphorbiaceae dont le latex après vulcanisation donne un caoutchouc aux nombreuses utilisations économiques… saignee_hevea_low.jpg Récolte du latex sur Hevea brasiliensis, Euphorbiaceae Photographie : Sonia Bray Le gouvernement brésilien conscient des risques pesant sur la biodiversité animale ou végétale a depuis plusieurs années mis en œuvre des actions pour freiner ou inverser cette tendance. Des lois protégeant les espèces et les habitats ont été votées et des réserves de protection du patrimoine naturel ont été créées. L’IBAMA, Instituto Brasileiro do Meio Ambiente e dos Recursos Naturais Renováveis, est l’organisme gouvernemental chargé de l’application de ces lois, en particulier, de la Convention sur la Biodiversité de Rio. —- Site en brésilien de IBAMA, Instituto Brasileiro do Meio Ambiente e dos Recursos Naturais Renováveis

Mardi 3 mai, les réserves particulières du patrimoine naturel (RPPN)

Avant de rejoindre Porto Alegre, nous visitons la réserve particulière du patrimoine naturel (RPPN) dont Cilon est président. Les RPPN sont des structures privées de protection du patrimoine dont le statut est reconnu par l’UNESCO. Celle de Cilon est située à Canella, à proximité de San Francisco de Paula. Elle a pour objectif la conservation de Araucaria angustifolia. Elle s’étend sur une superficie de 70 ha et se divise en un batiment administratif, un jardin potager et médicinal, le noyau de la réserve (zone de protection intégrale), la zone de protection et la zone d’amortissement ou zone tampon entre la RPPN et la la zone urbanisée. La zone tampon était initialement en friche. Elle a ensuite été plantée d’Araucarias en 1991. Cette date étant certaine nous avons pu constaté que les arbres peuvent avoir plus d’une cerne de croissance par an. Dans la RPPN, nous observons le cortège habituel d’arbres et arbustes de la Mata Atlantica : Myrtaceae, Sapindaceae, Lauraceae. Il y a en plus quelques pieds intéressants de Ilex paraguariensis ou mate, de Gochnatia arborescens, Asteraceae arborescente, de Sebastiania oppositifolia (Euphorbiaceae), de Sloaena momosperma (Elaeocarpaceae), arbre de très grande taille et une Monimiaceae à déterminer. Nous allons ensuite dans le parc municipal pour observer un pied femelle de Araucaria de 48 m de hauteur et de 8,50 m de circonférence à 1,20 m de hauteur. SSCN0686.jpg

Araucaria femelle de 48 m de hauteur

Toujours sur la route de Porto Alegre, nous voyons aussi un pied male mesurant 43 m de hauteur. Sur ce site, il y a aussi Cabralea canjarena (Meliaceae) de plus de 20 m de hauteur, Luehea divaricata (Tiliaceae). Une herbacée est présente depuis le début du séjour, une Asteraceae considerée comme une mauvaise herbe : Elephantopus mollis. Nous arrivons à Porto Alegre le soir pour prendre l’avion le lendemain.