Charles de l’Ecluse

Les deux hommes ne se sont point connus car un siècle environ les sépare. Charles de L’Ecluse naquit, en effet, en 1526, dans la ville d’Arras, et mourut à Leyde, au Pays-Bas, en 1609 alors que Plumier vint au monde en 1646. ____________________________________________________________ clusius-2.jpg Charles de l’Ecluse ____________________________________________________________ Clusius fit d’abord des études de droit, à Gand et Louvain, pour s’intéresser ensuite à la Médecine qu’il pratiqua occasionnellement. C’est à Montpellier, sous la direction du naturaliste Guillaume Rondelet, dont il sera le secrétaire pendant trois ans, que sa fascination pour les plantes ira en grandissant. Agé d’une bonne trentaine d’années il va entreprendre un certain nombre de voyages dans toute l’Europe pour herboriser. C’est ainsi qu’il visitera le Midi de la France, le Piémont, la Savoie, la Suisse, le Portugal, l’Espagne et l’Europe centrale. Il ramènera de ces divers séjours nombre de dessins et d’observations de plantes nouvelles et rares. En 1573, soit à l’âge de 47 ans, l’empereur d’Allemagne, Maximilien II, l’appelle à Vienne en tant que médecin et le nomme également intendant des jardins impériaux. Grâce à cette position clef il peut voyager dans toute l’Europe et se mettre en rapport avec de nombreux ambassadeurs qui lui ramènent d’Orient des plantes rares et de précieux manuscrits. C’est par ce biais que les tulipes, importées de Constantinople, firent d’abord leur apparition à Vienne. Après être resté de très nombreuses années dans cette ville il fonde, à l’Université de Leyde, le jardin botanique. Il y cultive des plantes rares mais sans utilité connue pour la médecine. En 1593 il est nommé professeur de botanique, charge qu’il occupera jusqu’à sa mort. C’est alors qu’il était professeur qu’il installa sa précieuse collection de tulipes. Elle provoqua un tel engouement qu’il ne put rapidement faire face à la demande malgré les prix exorbitants exigés! C’est alors qu’un voleur, dit-on, lui déroba la presque totalité de ses bulbes. Le larron, en tout cas, ne perdit pas de temps et multiplia les plantes par semis pour satisfaire la nombreuse clientèle. Disons quelques mots sur l’introduction, en Europe, de ces fleurs à bulbes originaires, à l’état sauvage, d’Asie mais qui furent, pour la première fois, domestiquée en Turquie. Le premier à avoir acheté aux Turcs quelques uns de ces oignons, pour une somme assez élevée, fut Ogier Guislain de Busbecq, diplomate au service de l’empereur d’Autriche, Ferdinand Ier, alors aux prises avec Soliman le Magnifique. De retour dans la capitale, ces nouvelles plantes ornèrent les jardins impériaux et leur culture fut gardée secrète jusqu’en l’an 1593, date à laquelle Clusius planta les quelques bulbes qu’il avait ramenés de Vienne. Leur renom se répandit rapidement et la tulipomania gagna toute la Hollande ! On lui doit également l’introduction, en 1576, du marronnier d’Inde et de la pomme de terre, en 1588 (en 1586, elle avait été ramenée de Virginie par le corsaire anglais Francis Drake). Charles de l’Ecluse a publié, bien sûr, un certain nombre d’ouvrages remarquables par la précision des descriptions : en 1576, il fait paraître une flore d’Espagne suivie, en 1583, de la description des plantes d’Autriche et des régions voisines. En 1601, il fait éditer un important traité de botanique intitulé : Rariorum plantarum historia illustré par plus de 1500 gravures et divisé en 6 livres typiques de la classification botanique de l’époque. En I sont groupés, arbres, arbrisseaux et sous-arbrisseaux – en II, les plantes tubéreuses et bulbeuses – en III, les fleurs à parfum agréable – en IV, les fleurs sans parfum – en V, les plantes vénéneuses, narcotiques ou corrosives – en VI, les plantes laiteuses, les ombellifères, les légumineuses, les mousses, les fougères et les champignons.